mercredi 23 septembre 2009

Un aller-simple pour le (nouveau) centre fermé


Texte d'un tract distribué dans les métros et trams bruxellois depuis quelques jours (mi-septembre) et appelant à s'organiser face à la construction du nouveau centre fermé.


Un aller-simple pour le (nouveau) centre fermé.


Un tram ou une rame de métro à l’heure de pointe. Dernière escale d’une longue journée de travail ou de présence à l’école. L’écoeurante odeur de parfum se mêle à celle de la transpiration tandis que se mène l’inévitable combat au corps à corps pour conquérir la place du repos du guerrier. Règne le sentiment d’une vie bien réglée qu’on ne pense même plus pouvoir changer.


Encore quelques arrêts et le transport de biens touchera à sa fin. Les portes s’ouvrent dans un bruit de soulagement et chacun reprend son « propre » chemin : une masse fluide envahit les escalators et les couloirs venteux. Juste avant la frontière imaginaire de la zone sous contrôle, elle se heurte à un régiment entier de contrôleurs, quand ce n’est pas à une rafle organisée. Chacun réagit à sa manière : les bons élèves se précipitent tickets à la main pour être contrôlés, mais tout le monde n’est pas prêt à subir cette humiliante inspection sanitaire. Ici, un refus en règle ; là une personne tente de rebrousser chemin, à contre courant du bon déroulement des choses. Et pour d’autres c’est le contrôle en bonne et due forme, non seulement imposé par la STIB, mais aussi rendu possible par l’acceptation des « passants irréprochables » qui détournent les yeux et finissent par trouver ça normal. Encore une fois c’est le chacun pour soi qui l’emporte, là où la solidarité pourrait porter ses fruits.


Pas de ticket, donc contrôle d’identité. Pas de papiers, donc… transfert direct vers le flic de service. A partir de là, le nombre d’arrêts pour la destination finale se succèdent à grande vitesse : commissariat et, pour la plupart, centre fermé en attente d’une expulsion. Le lien entre un « simple contrôle » et les camps de déportation est toujours plus évident, notamment grâce à la bonne participation des sociétés de transports publics - STIB, TEC et De Lijn - qui perfectionnent sans cesse leurs systèmes de contrôles (caméras, contrôleurs armés, carte à puce mobib, portiques,...).


Mais cette dernière escale n’est pas toujours reçue comme une fatalité. Parmi bien d’autres révoltes collectives et individuelles, le 24 août 2008, des détenus du centre fermé pour étrangers de Steenokkerzeel ont bouté le feu à cette prison. Le feu de joie a dévasté deux des trois ailes du camp.


Pour empêcher de telles explosions de révoltes dans le futur, l’Etat belge a lancé, en mai 2009, la construction d’un nouveau centre fermé à deux pas de l’aéroport de Zaventem. Contrairement aux autres centres fermés, celui-ci sera basé sur un régime de cellules individuelles. Ce camp de déportation sera alors la place par excellence pour enfermer les détenus rebelles et récalcitrants et pour toucher en plein vol chaque expression de révolte. Révolte qui reste pourtant la seule issue possible, tant à l’intérieur des prisons que dans la rue …


IL EST POSSIBLE DE S’ATTAQUER À CE NOUVEAU CHANTIER ET A L’ENSEMBLE DU SYSTEME QUI A BESOIN D’ECRASER DES GENS POUR SE MAINTENIR.


PERTURBONS DES MAINTENANT BESIX, LA STIB, LA POSTE, SODEXHO, DALKIA ET L’ENSEMBLE DES INSTITUTIONS ET DES STRUCTURES1 QUI COLLABORENT A CETTE POLITIQUE. SABOTONS LA CONSTRUCTION DU NOUVEAU CENTRE FERME.


(1) Pour une liste plus complète : blackliststeenokkerzeel.blogspot.com

[Repris de http://www.cemab.be/news/2009/09/7647.php où on peut télécharger le tract en PDF]